270 LA GUERRE ET L'ITALIE peuple demandait de traduire le sentiment national. C’est en lui qu’il plaçait toute sa confiance. Ainsi, par le mécanisme strictement constitutionnel de la démission du ministère, la crise avait pour conséquence de laisser face à face l'opinion publique et la monarchie. Sûr du sentiment populaire, M. Salandrane l’était pas moins, peut-être, du sentiment royal. En mettant ces deux forces en contact, son habile et opportune retraite sauvait tout. L’ « appel au roi » : ainsi pourrait se nommer la dernière phase de ces journées romaines. Et le roi auquel en appelait le peuple, c’était le successeur des Charles-Albert et des Victor-Emma-nuel II, des rois-soldats qui avaient çonduit l’Italie à la grandeur. Y avait-il à douter un instant que leur héritier du xx° siècle hésiterait à suivre leurs traces? Les princes de la maison de Savoie ont d’abord des traditions militaires, ils portent dans leurs veines un sang guerrier et ils se sont retrouvés soldats, chefs de guerre, à toutes les grandes dates de leur histoire. En outre, depuis une centaine d’années, il est une idée qui est devenue consubstantielle à leur race, qui n’a pas cessé d’animer et de diriger leur politique : c’est l’idée italienne, l’idée d’une plus grande Italie. Cette idée a trouvé, pourrait-on dire, son taber-