RAGUSE 81 qu’on trouve dans le Prijeko, ruelle qui lui est parallèle, sur la Tomislava, près de la cathédrale, et dans le quartier de Prestijéritzé, au sud du vieux port. Le tremblement de terre de 1667 a détruit le centre de la ville, et le Stradoun fut rebâti d’un seul coup, dans cette manière simple et uniforme qui en fait tout le caractère. Ce qu’il y a d’ornemental dans la ville, les églises, les fontaines, la Douane, le palais des Recteurs, prend une valeur singulièrement décorative au milieu de ces façades unies qui sont toujours belles par leurs proportions et par la qualité de la matière. Que ce soit la porte des Franciscains où fleurit une Pieta émouvante, ou la petite fontaine à l’angle du Marché, partout j’admire ce mariage de l’ornementation délicate avec les puissants murs nus. Il faut laisser à la flânerie de découvrir Raguse. Ce n’est pas une ville qu’on traverse, ni même qu’on visite. Elle exige une constance d’amoureux. Je n’y ai jamais fait que des promenades sentimentales, au sens que Lawrence Sterne donnait à ce mot. Et comme dans toutes les villes où j’ai vécu, j’y ai cherché surtout la qualité humaine. * * * Elle a trois couvents, aussi éloignés que possible les uns des autres. Celui des Franciscains est à la porte Pillé, celui des Dominicains à l’autre bout, même au delà de la porte Ploca. Les Jésuites gîtent quelque part, sur les hauteurs, devant la seule place où l’on ait planté des arbres, dans cette ville minérale. C’est un cul-de-sac plein d’ombre, à l’entrée du Stradoun, qui mène au couvent des Franciscains. Les galeries du cloître sentent bon la verdure chaude, la cire et les herbes médicinales, car les Pères fabriquent des cierges L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE 0