I DE PARIS A FIUME Paris-Bale, Route du Roi. Toutes ces vieilles routes de France tirent une ligne droite d’autorité à travers la campagne. Elles vont au but sans ménager personne. Pour ceux qui n’étaient pas contents, il y avait la Bastille ou Yincennes. C’est ainsi qu’on s’ouvrait les portes de Fribourg ou du Palatinat. Nous allons grand train, car nous avons deux mille kilomètres à couvrir. L’équipage est celui d’Espagne1. La voiture seule a changé, berline Citroën aménagée pour le campement d’après tout ce que l’expérience a pu nous apporter, couchettes plus larges et plus longues, mallettes intérieures, réservoir d’eau pour la toilette. Notre chat, le Puma, installé sur la literie, regarde par la fenêtre arrière le paysage qui fuit sous les roues. Marie-Jeanne a un livre ouvert sur les genoux et me tient des propos de ce genre : —• Imaté li clito da pocajété? A quoi je réponds en ménageant ma salive : — Své yé za moyou litchnou oupotrébou. Le dialogue continue sur ce ton. Ce sont les phrases classiques, à l’usage de la douane, que nous nous efforçons de traduire en serbo-croate ou yougoslave. Cela 1. Voir le chapitre II de mon Itinéraire espagnol (Pion, éditeur).