L'ITALIE N'EST PLUS LA TERRE DES MORTS 137 premières années du xxc siècle. Ceux qui l’ont inventé, qui l'ont lancé n’étaient qu’une poignée de lettrés et d’intellectuels. Leur originalité foncière a consisté à se distinguer du patriotisme italien à l’ancienne mode, qui était pétri d’éléments républicains, libéraux et démocratiques. Ils ont commencé par la critique de la démocratie et du garibaldisme. Ils ont rejeté l’anticléricalisme pour des motifs d’ordre à la fois philosophique et politique. Pour cette œuvre d’élaboration et de construction, ils ont su adapter bien des éléments empruntés à la littérature politique de notre pays. Ils ont étudié Maurice Barrés, Charles Maurras, Georges Sorel. Ils ont connu les idées de Y Action française et, comme un de leurs meilleurs écrivains, M. Francesco Coppola, en a fait la remarque, nationalisme intégral français et nationalisme intégral italien ont tracé des « lignes parallèles ». Ainsi, peu à peu, s’est dégagée une doctrine qui répondait évidemment aux besoins de l’Italie, puisque c’est elle qui, en somme, s’est imposée, qui a conduit l’esprit public en ralliant les élites dirigeantes au mois de mai 1915. « 11 s’en faut de beaucoup que toute l’Italie soit nationalisée au sens où nous l’entendons, nous disait à ce moment-là un des chefs du mouvement. Mais elle est pénétrée de nos idées plus