140 LA GUERRE ET L'ITALIE ture s’est répétée cent fois dans l’his’toire. Ainsi Gambetta, encore étudiant, flânait le dimanche dans des guinguettes auprès desquelles Napoléon III, allant à Compiègne, passait sans se douter que l’homme qui renverserait l’Empire était là. Il importe d’ailleurs de se représenter que I"Italie est un pays où l’apparition de mouvements profonds et rapides dans l’opinion est restée possible. Cette atonie, cette indifférence, cette prudence aussi que nous aurons vues si longtemps en France, ne régnent pas encore partout. Le peuple italien n’a pas eu les reins cassés par la tyrannie bureaucratique, le mécanisme oppresseur d’une administration centralisée. Le peuple italien, — celui, bien entendu, des grandes villes, — est demeuré capable de réactions spontanées. II n’est pas disposé à tout subir. A bien des points de vue, il rappelle à l’observateur la France de la Restauration et de Louis-Philippe, il est capable comme elle de révolte et d’agitation. Mais ses énergies novatrices s’appliquent à des objets bien différents. On ne le voit nullement orienté, dans son ensemble, vers les anciennes conceptions du libéralisme, qui ont cessé de parler à son imagination, qui sont pour lui des choses d’hier, qui font partie du passé, qui lui repré-