228 l’itinéraire DE YOUGOSLAVIE L’étage de la ferme a toujours une terrasse à arcades où se tient la famille, accroupie ou couchée sur des peaux. Les femmes ont le tablier brodé des orthodoxes, et un autre, un peu plus long, sur le derrière, bordé de velours noir, et qui leur moule les fesses. Leur corsage de toile blanche est orné, par bandes verticales ou autour du décolleté, de broderies faites de petites perles de verre et de porcelaine : le dessin en est délicat et les couleurs nuancées. Les petites filles, qui sont habillées comme leurs mères, sont des amours de petites bonnes femmes, blondes et roses, des bracelets de métal à leurs poignets dodus. Les hommes ont également des broderies de perles, en bandes verticales, sur le plastron de chemise. On ne peut circuler à travers ces villages qu’avec une bonne provision de pierres dans les poches. Chaque maison a trois ou quatre chiens qui vous courent après en sautant par-dessus la palissade. Excellente occasion de s’exercer à la balistique. Ces fermes remplies d’aboiements, cachées derrière leurs verdures et leur herse de bois, avec leurs murs et leurs toits noirs, ont quelque chose de dramatique. Elles me font toujours penser à la petite prisonnière aux yeux de lin qui attendait son mari, dans l’ombre, la hache levée. Le Tsar Nicolas 11 reprend la route de Belgrade. Le paysage n’est jamais le même quand on revient sur ses pas. La lumière, les perspectives, l’aspect des villes, tout est nouveau. Une escale de quatre heures à Kladovo nous permet d’aller voir le marché1. Il est loin d’être aussi riche que 1. Le samedi.