DE STOÜDÉNITZA A BELGRADE 215 duit facilement au meurtre, avec quelquefois des raffinements sadiques d’une singulière grandeur. Ces femmes ont tué parce qu’elles en avaient assez de leur mari, qu’elles en voulaient un autre, et que le moyen le plus simple était de supprimer le premier. L’instinct sexuel ne raisonne pas plus. Je ne suis plus assez civilisé pour vouloir soumettre à la volonté les choses de l’amour. Marie-Jeanne, toute blonde et rieuse, s’est assise sur un banc, près d’une jeune prisonnière aussi blonde, aussi rieuse. Elles bavardent gaîment, joue contre joue, en se tenant par la taille. La petite a des yeux bleus comme la fleur du lin, une bouche fraîche, des petites dents bien rangées, des gencives aussi lisses que le corail... Quel âge? seize ans? dix-sept ans? J’interroge la directrice. Dix-sept ans, en effet. Elle s’est mariée à quinze. Elle en a aimé un autre quelques mois après. Alors, elle a attendu son mari, un soir d’hiver, près de l’entrée de la maison, et lui a ouvert le crâne en deux, d’un coup de hache.