X DE RAGUSE A KOTOR a corniche, au sortir de Raguse, monte lentement à travers des jardins d’une végétation si dense qu’elle semble laineuse. Svéti Yakov, petit monastère de tuiles, est perdu dans les agaves et les mimosas. Au milieu de la mer, Lacroma arrondit son dos velouté. Sur de belles gravures qui datent de 1850, j’ai connu une Côte d’Azur française pareille à ce littoral vierge, entre Raguse et Çavtat. Qu’on imagine la route de Nice à Menton sans une villa, sans un hôtel, les villages cachés dans les oliviers ou derrière des rideaux de cyprès. La montagne décline brusquement dans la mer, une falaise touffue, odorante, sans une demeure humaine. On ne voit rien de Mlini où l’on descend par un sentier de mulets, ni de Çavtat où conduit une route en lacets, la seule qui touche la rive. Les plages, au fond des criques, sont pareilles à ce qu’elles étaient à la naissance du monde. Au carrefour de Zvékovica, nous voyons des groupes de garçons et de filles qui se dirigent vers la vallée des Konavli. Toutes les femmes sont en blanc, telles que je les ai décrites à Raguse. Les hommes ont un boléro noir sur leur chemise blanche, la culotte turque à large fond pendant, et une petite kapa rouge posée sur le