TROGHIR, SPLIT ET KHVAR (il l’Imperium il y avait du parvenu, du provincial qui a gagné à la loterie. Ceux qui n’étaient pas assassinés par leur milice revenaient dans leur patelin et y faisaient construire une belle maison pour faire enrager leurs concitoyens. Bien entendu, la maison de cet homme-là était à sa taille et à celle de Rome. Un carré de cent cinquante mètres de côté, des murailles de vingt-cinq mètres de haut, ornées de colonnades et de statues, seize tours, rondes ou carrées, quatre portes triomphales, des logements pour deux mille personnes, des vestibules, des casernes, des gynécées, un péristyle, un mausolée, un temple, etc... Il y vécut neuf ans, très occupé à faire pousser des laitues, et y mourut en 313. L’administration des domaines impériaux, ne sachant que faire de ce colossal bâtiment perdu sur une rive lointaine, y installa une manufacture de vêtements militaires, avec un personnel féminin. On logea aussi, dans le palais intérieur, des princes exilés, comme cette Galla Placidia qui dort son éternel sommeil à Ravenne, dans son mausolée de lapis, d’or et d’albâtre. Il est probable que, pendant trois siècles, les bâtiments commencèrent à tomber en ruine. Et quand, en 600 et quelques, les Avares déferlèrent sur la Dalmatie, les habitants chrétiens de Salona, la ville la plus proche, se réfugièrent dans ce palais. C’était une forteresse toute faite, des murs, des tours et des portes faciles à défendre. Ils y transportèrent leurs meubles, leur or, leurs reliques, et dans ce palais d’un empereur, se mirent à édifier une ville, Palatium, qui est devenue Spalato, et pour les Slaves, Split. C’est dans les cours, les vestibules, les chambres de ce palais qu’ils installèrent leurs nouvelles demeures, abattant les voûtes des couloirs pour créer des ruelles,