150 LA GUERRE ET L’ITALIE forme et sa conscience les plus nettes dans l’esprit et dans le cœur de cette reine, deux fois Savoie, par son père et par son mari. Tout récemment, dans le salon de la reine mère, on parlait — comment parler d’autre chose ? — de la campagne contre l’Autriche, lorsque quelqu’un exprima l’idée que peut-être le roi s’exposait un peu trop au péril. C’était un sénateur qui traduisait ses alarmes, car l’on est d'ordinaire prudent à l’âge où l’on est sénateur. Mais la reine Marguerite répondit aussitôt, avec douceur et fermeté : — Si le Roi agissait autrement, il ne serait pas un roi. Or, ces sentiments sont ceux qui animent toute la famille royale d’Italie, et la reine Hélène n’a pas le cœur moins héroïque que la reine mère- Quels ont été les sentiments de la reine depuis qu’a éclaté la guerre en Europe, on peut le deviner quand on se rappelle qu’elle est née princesse de Monténégro. Là-bas, depuis de longs mois, dans l’indomptable Tchernagore, ses frères se battent, à la tête de leurs montagnards, pour la grande cause européenne. Avec quelles pensées la reine Hélène suit les péripéties de cette lutte, c’est ce qu’il est facile d’imaginer. Avec quelle joie elle a vu l’Italie entrer en ligne avec les