d’okhrid a ritoli (monastir) 185 brebis; l’agneau rôti que j’ai envoyé ce matin, couché dans un majestueux plat de cuivre; deux cochons de lait, les pattes en l’air, le ventre ouvert bourré de citrons. Et autour, les jeux d’orgue des carafes et des bouteilles, raki, schlivovitza, orangeades, vins de toutes les couleurs du vin. Il semble que les provisions de toute une année soient répandues sur les tables de la slava. Et, de fait, les familles mettent là les économies d’un an entier, avec la nonchalance du Serbe pour tout ce qui n’est pas le plaisir immédiat. Le milieu de la table est occupé par un grand plat d’argent sur lequel repose le gito. C’est un gâteau mou, fait de blé cuit, de noix écrasées, de miel et de raisins secs. Il est l’offrande funéraire au saint de la slava, ceux d’entre les saints qui ont connu la mort humaine. C’est si vrai que les familles qui ont adopté Saint Elie ou l’archange Saint Michel ne préparent pas le gito, parce qu’Elie et l’archange sont toujours vivants. Georges étant mort à Rome, sous Dioclétien, le gito orne la table d’Angélina. Au centre du gâteau est planté un cierge de cire orné de figures et de papier doré. A côté, sur un pechkir aux fines broderies, est posé le pain rituel, sorte de large brioche ronde qui porte une grande croix en relief. C’est le kolatch, le pain de communion symbolique, qui sera partagé entre les membres de la famille. Les visiteurs apportent leurs vœux de slava, comme chez nous de nouvel an. Il n’y a pas d’invités. On accueille tous ceux qui se présentent, connus ou inconnus, même le pauvre et le vagabond. Les hommes s’embrassent sur les deux joues, en se donnant de grandes claques dans le dos. Les femmes se congratulent avec de petits cris. Puis tout le monde s’installe sur les divans. On présente le slatko, avec toutes ses cuillers et tous ses verres d’eau. On offre aussi les victuailles entassées sur