290 L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE l’Autriche et confiait à Marmont : un premier essai d’état yougoslave, manœuvre politique, sans aucun doute, mais qui donnait un semblant de liberté à un bon tiers des Slaves du Sud. Ils ne l’ont pas oublié, Lioubliana surtout. Sous un obélisque de granit érigé près de l’ancien quartier général de Marmont, elle a placé les restes d’un soldat inconnu de la Grande Armée, et sur l’une des faces, elle a fait graver cette magnanime épitaphe, l’une des plus belles qu’on ait tracées dans la pierre depuis Antibes et Septentrion : Sous cette pierre Nous avons déposé tes cendres Soldat sans nom De l’armée napoléonienne Pour que tu reposes Au milieu de nous Toi qui allant à la bataille Pour la gloire de ton Empereur Es tombé Pour notre liberté. * * * Il est grand temps de passer le col de Lioubéli, sur le Karavanké, avant les premières neiges. Nous repartons après deux jours de vie provinciale dans cette charmante ville qui commence à s’emmitoufler. L’hiver y est alpin. Le Triglav et ses 2.900 mètres ferment l’horizon du nord. Nous sommes équipés à la diable car nous n’avons que des vêtements d’été. Je porte un pyjama de flanelle sous un costume de sport. Gela me fait une carrure redoutable. Si nous rencontrons enfin un bandit, je n’en ferai qu’une bouchée.