192 LA GUERRE ET L'ITALIE moment des incidents fameux du Manouba et du Carthage), la seule chance qu’eût l’Allemagne de trouver l’Italie à ses côtés dans une guerre avec la France, c’était que cette guerre s’engendrât entre Français et Italiens d’une rivalité méditerranéenne. Ainsi, selon l’expression juste dont M. André Tardieu s’est servi dans son livre la France et les Alliances, l’Italie, au cours de cette période, était devenue la « pointe offensive » de la Tríplice. La chute de Crispi vint restituer à l’Italie son indépendance, lui fit secouer le joug de l’Allemagne, rendit du jeu aux alliances italiennes. Désormais, l’Italie voulut se garder libre à l’in-térieur de la Triplice. Ce fut la période que M. de Bülow, prédestiné aux déboires italiens, surnomma celle des « tours de valse. » Pendant près de vingt ans, de 1896 à 1915, incomparables virtuoses, les successeurs de Cavour auront parcouru le clavier des combinaisons européennes. Avant même l’assurance continentale que représentait l’alliance allemande, l’Italie avait contracté avec l’Angleterre une assurance maritime. L’Angleterre avait favorisé la naissance de l’unité