XVII DE GOSTIVAR AU LAC D’OKHRID es hauts sommets d’Albanie poussent jusqu’ici leurs contreforts. A travers de grands bois d’ormes et de châtaigniers nous gravissons une pente interminable qui nous mène aux sources du Vardar, à 1.350 mètres d’altitude. Douche écossaise de ces contrées où le chaud et le froid se succèdent sans transition. Le défilé de la Mala Reka nous fait descendre ensuite jusqu’à Bolétèn, village noir, juché dans la montagne, avec son minaret d’un blanc de stéarine. Un peu plus loin, sur la gauche — je précise, car c’est très difficile à trouver — un sentier de mulet grimpe entre les arbres. C’est le chemin du monastère de Yovan Bigorski. Nous en tentons l’escalade avec la voiture. Dans ce pays de routes scabreuses on se fait à toutes les acrobaties. Nous débarquons heureusement devant la fontaine de ce couvent qui est bien l’un des plus étranges de la Yougoslavie. Il n’a pas de jardin, comme les autres monastères, parce que la pente abrupte où il s’accroche ne lui laisse pas de place. On a conquis sur la montagne un bout de terrasse où l’on a bâti l’église. Le reste est un extraordinaire édifice de charpente — galeries, escaliers, belvédères, en vieux sapin noirci par les pluies — qui s’en-