DE LA TRIPLICE A LA QUADRUPLE ENTENTE 187 Après avoir aidé l’Italie à venir au jour, la France devait accepter de la voir voler de ses propres ailes. Le sentiment obscur, mal avoué, mal défini, que le peuple italien restait notre obligé, aura exercé sur les rapports des deux pays une influence plus funeste, engendré plus de malen^ tendus que des polémiques vives et franches. Prenons garde que nous venons de voir les Bulgares répondre à peu près en ces termes aux reproches de leurs libérateurs russes : « Pourquoi nous avoir donné notre liberté, si c’est pour contrôler, si c’est pour nous reprocher l’usage que nous croyons devoir en faire? » Les Italiens ont parfaitement expliqué les mobiles qui, après 1870, les ont conduits à adhérer à la Tríplice. C’est à un besoin d’équilibre que leur politique avait obéi. Contre la France d’une part, contre l’Autriche de l’autre, ils avaient cherché à se garantir. Pour le jeune Etat italien, la France, même vaincue, restait trop forte, son attraction trop redoutable. « J’abhorre par-dessus toute chose l’orgueilleux protectorat français », avait dit Mazzini dans une lettre fameuse à Nino Bixio. L’Italie voulait qu’il fût bien entendu qu'elle était hors de pages. En s’alliant avec l’Allemagne, elle traçait, du côté français, une ligne de démarcation bien nette par laquelle son af-