260 L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE Ils ne savent rien, ils sont tout surpris de voir l’archiduc, rouge de colère, qui leur reproche de le recevoir avec des bombes. Us balbutient des excuses; ils remâchent leurs discours. François-Ferdinand déclare qu’il ne mettra plus les pieds dans leur municipe. Il reste dehors avec Potiorek qu’il invective. Il veut aller voir Merizzi à l’hôpital. La voiture pour faire demi-tour, manœuvre sur le parvis. Gabrège, paralysé par la cohue, ne peut faire un mouvement. On reprend le chemin de l’arrivée, le long de l’Appel Kai. Le comte Harah s’est mis dans la tête que d’autres conjurés doivent se trouver, comme Tchabrinovitch, près du parapet de la rivière. Il monte donc sur le marchepied de la voiture, du côté gauche, pour couvrir de son corps les archiducs. C’est de l’autre côté qu’ils recevront les balles. François-Ferdinand ne montre qu’une colère bougonne. Sophie ne bronche pas. Princip n’est pas à son poste. Il est dans une pâtisserie de la rue François-Joseph. Il a rencontré deux jeunes filles et leur offre de la limonade. Il n’a pas entendu la bombe de Tchabrinovitch. Une rumeur soudaine lui apporte la nouvelle : une bombe a été lancée, le coup est manqué. Il jette une pièce d’argent sur le comptoir, il ne se donne même pas la peine de prendre la monnaie, il sort en courant, s'élance vers le quai par les quelque cinquante mètres que fait ici le coude de la Franze-Josipa Ulitza. Il arrive au carrefour de cette rue et du quai. A ce moment précis l’auto des archiducs tourne l’angle. Que s’est-il passé? On dit que Potiorek, qui était assis en face des archiducs, a crié au chauffeur qu’il se trompait, et le chauffeur de s’arrêter. On dit encore qu’il y avait là un encombrement de foule. On sait seulement que la voiture s’est arrêtée. Elle s’arrête juste devant Princip. Le destin... Il n’a qu’à lever le bras pour tirer.