VII TROGHIR, SPLIT ET KHVAR f’TMROGHlR. Cette ville m’est chère parce qu’elle ressemble à un navire. Un pont l’amarre à la terre ferme, un autre à l’île de Tchiovo. Trois campaniles qui se dressent dans sa longueur la rendent pareille à une frégate. On y pénètre par une porte basse et étroite, celle de la Terre, surmontée des vestiges du lion Saint-Marc. Le signe de Venise marquait aussi la porte de Mer, la forteresse, le palais du Conseil et le transparent bas-relief de marbre qui orne la loggia du Tribunal. Dans une éruption de chauvinisme slave, quelques jeunes imbéciles ont brisé à coups de marteau ces emblèmes historiques que la France et l’Autriche avaient su respecter. Le mieux serait sans doute de les rétablir. Le sceau de l’ancien empire vénitien n’est plus une marque d’esclavage, mais affirme, au contraire, que la Dalmatie a reconquis sa liberté. Rien de plus vénitien, d’ailleurs, que cette petite ville demeurée intacte dans son enceinte de murailles. Elle est aujourd’hui ce qu’elle était il y a deux ou trois siècles, comme Khvar et Kortchoula, beaucoup plus que