y LA DALMATIE — DU VÉLÉBIT A ZARA C’est une étroite bande de roche qui suit l’Adriatique, de Zara à l’Albanie. Sa plus grande largeur, du côté de Knîn, n’atteint pas soixante kilomètres; entre Stôn et Bar, dans le sud, elle a de dix à deux kilomètres. Elle se continue en mer par trois ou quatre rangs d’îles minces et allongées qui sont les sommets de chaînes calcaires parallèles à celles du littoral. Ainsi le sol dalmate figure une série de vagues montagneuses qui s’étendent en ligne droite, du nord-ouest au sud-est. La mer ronge et pénètre de tous côtés cette masse poreuse, creusant d’innombrables fjords dont certains, comme ceux d’Obrovatz ou de la Néretva, s’enfoncent à plus de dix lieues dans les terres. La côte déchiquetée dresse contre l’envahissement du flot de formidables murailles crayeuses. Du large, elle apparaît comme une énorme falaise aride. Mais elle recèle dans ses brisures des vallées débordantes d’agrumes et de vignobles. Les Vénitiens ont occupé pendant quatre siècles les îles et les villes du littoral. Ce pays n’a jamais été pour la République qu’un rempart contre les Turcs et un vaste comptoir de commerce. A ce dernier point de vue, c’était pour elle quelque chose d’analogue à la côte d’Afrique pour les Portugais. Elle a exploité la