LES ADAPTATIONS DE LA MAISON DE SAVOIE 73 phètes de mauvais augure n’avaient pourtant pas manqué pour prédire qu’il serait impossible de faire marcher ensemble tant de membres divisés, pour accorder toutes les contradictions italiennes. La monarchie savoyarde a fait mentir ces prophéties. Elle a su faire vivre en bons termes l’Italie du Nord, si pénétrée par les mœurs françaises, et l’Italie méridionale, déjà presque africaine. Elle a continué à accueillir des ralliements de démocrates avancés et elle s’est bien gardée de repousser, de tenir pour suspecte l’ancienne aristocratie qui avait servi les Bourbons de Naples. Elle a été vraiment nationale, vraiment supérieure à l'esprit de parti. Elle a profité de l’expérience qui a trop manqué aux premiers rois parlementaires et constitutionnels du xixe siècle : elle ne s’est compromise avec aucun groupe, elle n’en a préféré aucun. Peut-être, si l’on pouvait pénétrer tout au fond de la pensée des rois d’Italie, y trouverait-on cette idée que tous les partis se valent, que tous sont composés d’hommes qui ne sont pas plus mauvais les uns que les autres, qui sont également utilisables pour le bien du pays. Lorqu’en 1876 la droite, usée, dut céder le pouvoir à la gauche, Yictor-Emmanuel II fit bon visage, sans aucun effort, aux Depretis et aux Crispi. Il ne s’imagina pas, et il eut raison, que