r/lTINIÎHMlti; Dlî YOUGOSLAVIE! lard plâtreux. C’est un vent du nord, la bora, que les gens d’ici osent comparer à notre mistral!... Je n’ai pas besoin de vous dire qu’il n’en est rien. Ce petit ventelet qui perd le souffle en vingt-quatre heures n’est qu’un soupir à côté de notre furieux de Provence qui pousse les chariots dans le fossé, trousse les femmes jusqu’au menton et fait balancer les ponts du Rhône comme des escarpolettes. Qu’ils viennent donc y voir un peu, ces Dalmates, sur la roche des Baux ou dans la plaine de Maillanne ! Ils sauront ce que c’est que du vent, et ils s’enfuiront de terreur, eux et leur bora ! Tout au bout du plateau, la poussière s’abat et je freine brusquement devant un à-pic redoutable, avec un cri, non de frayeur mais d’admiration. De cinq cents mètres, la route domine la mer, une immense perspective de grandes îles déchiquetées : Troghir, au premier plan, dans ses remparts massifs, d’un roux de terre brûlée; Tchiovo, plate et bombée comme une raie; Sou-let et Bratch, en face de Split qu’un rayon de soleil levant traverse de part en part; Khvar, qui surgit de l’eau comme une bête de préhistoire. Au très lointain, on distingue Kortchoula; plus loin encore, Ml jet, naufragée sur l’horizon. D’autres, plus petites, et des écueils par centaines, font un moutonnement de terres et de terres superposées, parmi des mers fluides qui semblent tomber les unes dans les autres par des torrents invisibles. A gauche, la terre ferme a la netteté d’une carte en relief, à nos pieds la route blanche qui fait un grand Z au milieu des vergers. Dans le fond, les crêtes paisibles des Alpes Dinariques, violacées par le contre-jour. Des maisons blondes et roses, des plages d’étain, des golfes encore bouchés par l’ombre des montagnes, des navires, des voiles, de longues traînées vaporeuses, un ciel fin, comme envolé du monde...