116 L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE qui se ressemblent toutes et que je décrirai ici en une seule fois : Djakovitza, Prizrèn, Gostivar, Okhrid, Bitoli, Prilep, Vélès, etc., avec leurs maisons de bois et de torchis, leurs mosquées blanches, leurs eaux bruissantes, leur pavé de gros galets. Elles sont bâties sans aucun plan, comme pousse un taillis, et suivant la conformation du sol. Dans la plaine, comme Petch, elles s’allongent dans tous les sens, avec de grands espaces vides qui ne sont ni des rues ni des places mais des espèces de terrains vagues bosselés et semés de gravats. Dans la montagne, comme Prizrèn, elles émergent du torrent générateur, grimpent aux pentes, chevauchent les arêtes, mélangent confusément leurs baraques et leurs cimetières. Elles sont noires, à cause de leurs toits de vieilles tuiles trop cuites, de pierres ou d’essentes, et de leurs appentis de planches vermoulues, mais aussi propres que peut l’être une ville de bois, ce qui n’est pas la propreté de céramique et de ciment dont nous avons fait un principe. Il y a dans chacune de ces villes la mosquée ronde et blanche — parfois plusieurs —- sous une coupole aplatie, flanquée de son minaret pareil à un long cierge coiffé d’un éteignoir pointu, et bagué à mi-hauteur par le balcon du hodja (muezzin). On voit ce dernier, aux heures de la prière, jeter aux quatre points cardinaux, les mains en cornet, l’appel aux fidèles, ce qui n’est pas en vain dans cette région où l’islamisme a conservé toute sa vigueur. Il y a aussi la tour de l’horloge, qui continue à marquer l’heure d’Istamboul. Elle a souvent des formes étranges, comme celle de Petch qui ressemble à une lunette marine à moitié développée. La ville elle-même est faite de maisons basses, un seul étage en saillie, recouvert d’un crépi et blanchi à la chaux, le rez-de-chaussée occupé par des boutiques sans fenêtres, fermées d’épais volets de planches qui