XXYII DE SARAJEVO A MOSTAR, ET RETOUR A plaine fertile de la Bosna se prolonge à peu près jusqu’à Tartchîn en contournant la chaîne de l’Igmân. Les villages bosniaques semblent des amas serrés de pyramides noires, au centre un minaret de bois supportant un belvédère de guinguette. Les toits à forte pente et très élevés, couverts de planchettes de sapin, descendent si bas qu’on ne voit presque rien de la La route a son spectacle d’une conception tout orientale, comme on en voit chaque jour dans les provinces turques ou dans l’Afrique du Nord. Par exemple, ce trio qui s’achemine sur le talus du chemin de fer, en frise processionnelle sur un fond de nuages : l’homme marche devant, la tête haute, son bâton à la main; la femme le suit, empaquetée dans ses voiles, portant sur la tête un grand plat de cuivre recouvert d’un pechkir, et sous le bras, un lourd balot fait d’une torba de tapisserie; derrière elle, une petite servante en pantalon de cotonnade à fleurs berce dans ses bras un marmot qui piaille. Ce cortège m’amène à penser qu’on n’a jamais peint la Fuite en Egypte comme il convenait de le faire, puisqu’il s’agissait d’Orientaux. Je ne vois pas Marie sur l’âne, ni Joseph le conduisant par la bride. Je vois plu- façade.