XIX DE BITOLI A SKOPLIÉ r 11 emps frais, nuages lessivés. Les montagnes qui forment cercle autour de la plaine ondulée sont d’un relief si précis qu’elles semblent portées au premier plan. Le fond n’est qu’un bleu tendre, ciel et espace confondus. Champs de blé et prairies. Les troupeaux sont gardés par des bergers aux beaux yeux de velours bleu. Ils portent sur la petite jupe et les braies de toile une longue redingote noire sans manches et une large ceinture multicolore. Leurs chiens, des bêtes énormes, pareilles à des loups, galopent autour de la voiture et essaient de mordre dans les pneus. J’en écrase un, bien que je roule à trente à l’heure. Les autres se jettent sur le moribond et l’achèvent en un clin d’œil. Nous entrons à Prilep à l’heure du marché1. La haute tour de l’horloge, hexagonale, un peu penchée, domine la place, à côté d’un peuplier tout droit et d’un minaret à éteignoir de zinc. A la base de la tour, des boutiques de planches font une végétation parasitaire, couvertes de plaques de tôle rouillée, maintenues par de gros galets. Il y a d’autres places plus petites, sous de grands arbres à feuilles bruyantes comme celles de l’eucalyp- 1. Le samedi.