PETCH ET DETCHANI 113 de huerta, comme disent les Espagnols : un mur circulaire autour d’un grand verger où sont disséminés l’église, l’habitation des moines, celle des serviteurs, la métairie et les ateliers. Il en est de grands ou de petits, de riches ou de pauvres, mais la disposition est toujours semblable. L’enclos de la Patriarchie est planté de pommiers, de noyers et de mûriers dont l’un, noueux et mutilé, date certainement de la fondation du monastère. Sous l’ombre heureuse des arbres, une fontaine chante par ses huit jets tombant dans une cuve cylindrique de marbre rouge, ornée de reliefs primitifs, plantes, aiguières et personnages. C’est la Sainte-Eau qu’il faut boire pour recevoir la bénédiction du Gospodîn (Seigneur). Quelques otatz barbus, coiffés du pot à fleurs noir, sont assis sur des bancs de pierre ou se promènent sous les pommiers. L’église est du type de presque toutes celles de l’ancien royaume serbe, petite, trapue, très simple, d’influence byzantine, des coupoles basses sur de hauts tambours troués de fenêtres de forme romane. Elle a la couleur tendre de la chair des blondes. Elle est bâtie de gros blocs rectangulaires, irréguliers. Par place, un reste d’enduit laisse deviner des fresques à peu près effacées. Il est probable que les murs extérieurs étaient décorés de peintures, au moins du côté de l’entrée. Il y a trois chapelles jointes, où si l’on veut deux nefs courtes et une plus longue au milieu, sans communication entre elles. Toutes trois sont réunies par un atrium ou péristyle fait de colonnes et d’arcades qui primitivement devaient être ouvertes mais qui sont murées depuis très longtemps. L’otatz Yosip, avec une énorme clé de citadelle, ouvre une porte basse et me fait signe d’entrer. Je pénètre dans le péristyle qu’une ombre douce remplit de ferveur L'ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE 8