206 L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE mes, presque universellement, ont une jupe sans forme, un corsage de toile sans ornements, qui ressemble à une chemise trop large, et un fichu de cotonnade noué sous le menton. Il serait très intéressant d’étudier les mœurs paysannes, mais c’est une chose qui n’est pas donnée au passant. Celui qui voyage doit s’en tenir à ce qui se présente à ses yeux, ce qu’on appelait jadis le pittoresque, au vrai sens du mot, c’est-à-dire l’aspect pictural des choses. A ce point de vue la Serbie ne peut offrir que son paysage. Et pour celui qui vient de loin, et qui a traversé les magnifiques décors de la Dalmatie, de la Tser-nagora et de la Serbie du Sud, c’est d’un intérêt secondaire. * ♦ * Raclika... Je lis ceci dans mon carnet : « Il doit y avoir des gens qui ne pourraient vivre ailleurs qu’à Raclika... Mon Dieu, ayez pitié de nous! » Je parlerai des autres villes un peu plus loin. J’en parlerai ou je n’en parlerai pas... A Ouchtzé (Usce), nous quittons la route de Kraliévo pour monter au monastère de Stoudénitza. Chemin d’acrobate sportif, dans un très beau paysage de montagnes et de forêts. L’eau sort de partout, envahit même la route où la voiture patine sur la glaise, au bord des précipices. Cette épreuve nous mène à un groupe de maisons perdues dans les arbres. Un petit restaurant de banlieue pousse un kiosque de guinguette sur une esplanade ombragée. La haute muraille du couvent en occupe le fond. Il ne faut que corner pour nous faire ouvrir la grande porte charretière, et nous entrons dans un verger pascal.