PETCH ET DETCHANI
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trois nefs séparées par des piliers carrés et deux hautes colonnes de marbre. Elles lancent vers le ciel l’oraison passionnée de la coupole.
  Je me suis assis dans un coin d’ombre et je contemple la merveilleuse tapisserie qui se déploie devant moi. Murs, piliers, coupole, abside, sont couverts, du sol à la clé de voûte, de ces fresques byzantines que la Patriar-chie de Petch m’a révélées. De longues figures hiératiques, vêtues d’aubes droites et de lourds brocards, tiennent des croix d’orfèvrerie, des glaives, des phylactères. Le roi Douchân porte sur sa main étendue l’église qu’il a fondée. Ouroch a le visage noir et volontaire. Saint Georges ressemble à un archange. Les Apôtres, couverts de longues chasubles drapées comme des chapes, s’inclinent devant le tombeau du Christ.
  Celle qui m’a retenu le plus longtemps sous cette nef chamarrée est l’image tendre et blanche d’une femme. Elle n’a presque pas de corps tant il s’amenuise sous la robe constellée. C’est la femme d’Ouroch I", Hélène d’Anjou, venue de France pour épouser ce Némanitch, l’avant-dernier roi du grand empire serbe. Je ne sais rien d’elle, mais elle a des mains de charité, et je retrouve dans ses yeux la douceur du ciel angevin.