174 L’ITINÉRAIRE DE YOUGOSLAVIE byzantines, le haut tambour au centre, avec une coupole de tuiles cuivrées de lichen. Nous sommes accueillis par le Frère Dragayoup qui parle couramment l’italien, ce qui nous facilite bien des choses car la plupart des otatz sont grecs, russes ou albanais, trois langues que nous ignorons complètement. Il nous demande tout de suite combien de jours nous désirons rester. — Deux ou trois, tout au plus. — Vous avez tort, vous devriez rester jusqu’au prochain pèlerinage. Cela vaut la peine d’être vu. — Je n’en doute pas, mais quand est-ce? — Dans trois semaines... C’est l’hospitalité normale des couvents orthodoxes. Il dirait aussi bien trois mois. Il nous mène dans nos chambres, à l’étage d’un immense caravansérail. Netteté, sévérité conventuelle. Un moine barbu prend ses filets et s’en va pêcher des pas-trmké pour notre repas du soir, car nous raffolons de ces poissons du lac d’Okhrid, une espèce de truite à la chair fondante qui n’existe que là et au lac Baïkal, en Sibérie. Tout à l’heure, en nous baignant, nous le verrons, dans sa barque de planches, en ramener à pleins iilets. Le sanctuaire de Svéti Naoum est le plus célèbre de la Macédoine. Les Albanais prétendent qu’il leur appartient historiquement. Les Yougoslaves l’ont revendiqué comme un des lieux saints de la Serbie de Douchân. Je ne veux pas me mêler de ces disputes. Comme Svéti Naoum est à un kilomètre de la frontière albanaise, chacun des deux peuples peut y venir faire ses dévotions. C’est peut-être la plus petite église de la religion orthodoxe mais c’est aussi la plus émouvante. Une grange de chez nous, avec un vaste pigeonnier : le tambour. Des vignes et des figuiers l’entourent, sauf du côté de