278 LA GUERRE ET L'ITALIE allemande, c était l’indignation causée par le sentiment insupportable que des influences étrangères tentaient de peser sur la politique de l’Italie. Les observateurs ont été frappés, en effet, par la force avec laquelle, pendant ces journées d’émotion, l'idée de trahison s’était emparée de l’esprit public. Il faudra se souvenir qu’on disait à Rome, en mai 1915, « Bülovv et Macchio », à peu près comme on disait « Pitt et Cobourg » à Paris en 1793. Voici, d’ailleurs, un trait qui s’ajoute à ceux que nous avons déjà'cités : on a pu voir, dans la grave journée du 15 mai, les employés des ministères manifester, en corps, en faveur de M. Sa-landra. Que des fonctionnaires n’aient pas craint de faire éclater leurs sentiments et de se compromettre (jusqu’à maltraiter matériellement certains hommes politiques), ce serait, dans tous les pays du monde, un très grand symptôme. C’est un des signes de l’émotion redoutable que la parole de Victor-Emmanuel III est venue soulager. Mais si pourtant le roi avait dit non ? S’il avait préféré les calculs du neutralisme aux risques de la guerre? Oh ! alors, il est plus que probable qu’après quelques mouvements tout fût rentré dans le calme. Le roi eût trompé l’espoir des patriotes, déçu des aspirations historiques. Mais il eût eu avec lui, personne ne songe à se le