78 T.A TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE de la France. Et il lui a fallu payer de sa vie son trop clairvoyant dégoût de l'Allemagne. » ' Le prince habitait, sur la côte d’Asie, le palais de Sindjirlikoujou, tout en haut du mont Boulgourlou. J’ai visité, jadis, l’endroit où s’élevait la demeure de l’héritier impérial. Il fallait plus d’une heure, en voiture, pour aller de Scutari à Sindjirli par une mauvaise route. l)e là on avait sous les yeux un panorama magnifique. Le palais de Youssouf-Izzedine se trouvait dans un isolement absolu, au sommet d’une colline gazonnée. On aurait dit un château mort! C’est là que, dans la nuit du 1er au 2 février 1916, l’ennemi déclaré des Jeunes-Turcs fut « suicidé ». Lisez : assassiné. La bande Talaat, Enver, Djomal et C1' couvrit aussitôt son crime par un rapport médical ainsi rédigé : « Son Altesse Impériale Youssouf-Izzedine-effendi, héritier présomptif du trône, s’est suicidé en se faisant une blessure au pli du coude du bras gauche. Le décès a été provoqué par une abondante hémorragie, résultapt de l’ouverture de veines très importantes. » Suivaient les signatures de vingt médecins turcs. Parmi ces dernières, je relève les noms de Bahaeddine Chakir et d’Ibrahim-bey, deux Jeunes-Turcs dont j’ai déjà parlé et dont le témoignage est absolument suspect. Il est difficile d’établir, pour le moment, les circonstances exactes de cette mort. On a prétendu à Constantinople que Youssouf-Izzedine avait été assailli au moment où il se rendait, par un passage étroit, de sa chambre à coucher à sa salle de bain. Les veines du bras gauche étaient bien ouvertes, comme l’indique le procès-verbal des médecins. Mais le corps