LES TROIS 43 assez long stage à l’Académie de guerre de Berlin. Revenu avec une admiration sans bornes pour l’armée impériale, il retourna plus tard dans la capitale allemande comme attaché militaire. A son retour, Enver était plus prussien que turc. Il copiait ce qui était en usage sur les bords de la Sprée et parlait couramment l’allemand. Le germanisme l’avait conquis tout entier. Disons aussi que, sur l’ordre de Guillaume II, l’envoyé ottoman avait été particulièrement bien traité par l’état-major impérial. Les prévenances des officiers du Kaiser ont toujours été grandes pour ceux des autres armées. Courtoisie, du reste, toute de surface! L’Allemand, très pratique, et surtout orgueilleux, est satisfait de Voir l’étranger emporter de lui une bonne opinion. Pour Enver, il y avait- davantage! Il était déjà célèbre par sa lutte, dans des circonstances difficiles, contre les troupes italiennes en Tripolitaine, et Guillaume Il eut assez de flair pour deviner, dans le jeune capitaine, du talent et un caractère qui pourraient servir un jour ses desseins en Orient. Les stages d’Enver dans l’armée allemande ont certainement changé sa mentalité. Doué — quoiqu’on en ait dit — d’une- intelligence vive et d’une facilité d’assimilation profonde, il -n’a pas été sans profiter des leçons de ses maîtres. Mais extrêmement orgueilr-leux, il a cru que son savoir de fraîche date et, en somme, tout de surface lui permettrait d’être un grand général. Végétant dans un grade subalterne, tenu à l’écart de tout avancement par l'entourage du sultan qui voyait en lui un sujet trop bien doué, Enver s’est affilié au comité Union et Progrès par dépit, autant