l’arménie martyre 229 pour les Arméniens. En 1915, devenus les maîtres, les membres du comité décidèrent de commencer les massacres. Mais il fallait trouver un motif, afin de pouvoir se justifier en cas de défaite ! On inventa celui de rébellion. Les télégrammes commencèrent à pleuvoir —par ordre — sur Talaat-Pacha, annonçant des soulèvements aussitôt réprimés. Talaat s’empressa de féliciter et de récompenser les fonctionnaires assez fins pour aller au-devant de ses désirs, et les autres, piqués d’émulation, commencèrent à massacrer « pour de bon. » On continua à approuver les persécutions à Cons-tantinople, et on envoya bientôt des ordres draconiens aux fonctionnaires encore hésitants, recommandant une répression impitoyable. Les ambassadeurs commencent alors à protester. On leur met aussitôt sous les yeux les télégrammes, des valis. Tous portent le mot: rébellion. Talaat déclare : « Nous n’avons pas été cruels. Mais nous reconnaissons avoir été énergiques. C’est la guerre (1). » Enver s’écrie : « En temps de paix, on peut user de moyens platoniques pour calmer les Grecs et les Arméniens. En temps de guerre, il faut agir promptement et résolument! (2) » Commentant le rapport que le comité américain avait publié sur les atrocités commises en Arménie, Djélal Munif bey, consul général ottoman à New-York, déclare : « Les Arméniens n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes. Ils sont seuls à blâmer (3). » (1) Les derniers massacres d'Arménie : Gibbons. (2) Mémoires de Morgenthau. Un vol. in-8, 12 fr. !“ayot, Paris. (3) Les derniers massacres d'Arménie : Gibbons.