34 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE (( Il faut bien le dire, la révolution turque a surtout été un coup d’État militaire, et, circonstance peut-être unique dans l’histoire, un coup d’État accompli par les chefs, malgré les soldats (1). » On commet trop souvent l’erreur d’accommoder les événements du passé au gré de l’opinion du jour. C’est un grave défaut, car, en procédant de la sorte, on fait de la légende et non plus de l’histoire! Bornons-nous plutôt à constater uniquement la vérité ! Celle-ci oblige à dire que si le 3e corps ottoman s’est le premier révolté à Salonique, cela tient avant tout à un sentiment de pur patriotisme. La Macédoine était devenue une province à demi européenne, par suite du contrôle étranger qui menaçait de s’étendre encore davantage. Or les Turcs ne voulaient pas admettre ce contrôle. Ils refusaient d’en comprendre la nécessité. Cependant la Macédoine ne présentait aucune sécurité : les bandes de comiladjis se battaient constamment entre elles et terrorisaient les populations. La présence d’officiers envoyés par les diverses puissances a forcé les Turcs à détruire ces bandes, ce qu’ils n’auraient jamais fait de leur propre initiative. On ne peut donc nier la valeur du contrôle européen. Malgré tout, les Turcs ont toujours refusé de reconnaître cette situation et la révolution turque ne fut pas autre chose qu’une crise de xénophobie et une explosion d’indignation nationaliste contre un sultan assez faible pour admettre dans les affaires ottomanes l’ingérence étrangère. (1) Notes sur lu Jeune-Turquie, par Muçaflr. Sirov. éditeur,'1911.