LA VIEILLE TURQUIE 21 contingents arméniens et grecs enrôlés dans l’armée du Sultan ont créé des embarras sérieux au commandement turc sans lui donner d’appui efficace. L’expérience a été encore moins heureuse en 1915, quand Djemal-Pacha a voulu incorporer des éléments syriens dans son armée, lors de son expédition contre le canal de Suez. Ce n’était pas en effet les proclamations de libéralisme des Jeunes-Turcs qui pouvaient faire oublier aux populations de la Macédoine, à celles de la côte d’Asie ou aux Arméniens massacrés en masse, les cruautés du passé! Dans l’empire ottoman, chaque race a donc réussi à conserver ses mœurs, sa langue et ses aspirations. La brutalité des sultans n’a jamais été assez forte pour faire disparaître le souvenir de la patrie ancienne, et tandis que les nationalités asservies remontaient peu à peu du fond de l’abîme, les Turcs diminuaient en nombre et en force parce qu’ils avaient seulement une mentalité de barbares! Abd-ul Hamid. Celui que l’Histoire a baptisé du nom de sultan rouge, a commencé son règne en 1876. 11 succédait à l’inoffensif Mourad V dont l’oncle Abd-ul-Aziz avait été détrôné dans la nuit du 30 mai 1876, à la suite d’un soulèvement militaire auquel les cuirassés turcs ancrés devant le palais de Dolma-Bagtché apportèrent un concours efficace. Midhat-Pacha, nommé grand-vizir, était le créateur du nouveau régime; il en fut aussi l’inspirateur. A l’entrevue de Muslou-Ouglou, Abd-ul-Hamid accepta toutes les conditions qui lui furent imposées par le