272 LA GUERRE ET L'ITALIE « de l’indignation des peuples frémissants. » Ces lignes, vieilles de près des trois quarts d’un siècle, ont été' réimprimées pendant les journées de crise de mai 1915 : à travers les années, la parole de Cavour n’avait rien perdu de sa vigueur. La maison de Savoie se trouvait ramenée à l’une de ces grandes dates historiques qui se représentent pour elle de génération en génération, et c’était pour Yictor-Emmanuel III comme pour toute l'Italie qu’une heure solennelle avait de nouveau, sonné. Comme son aïeul Charles-Albert, à qui s’adressait l’adjuration de Cavour, Victor-Emmanuel III aurait pu prendre pour devise : « J’attends mon astre. » Depuis quinze ans que la mort d’Hum-bert Ier l’avait appelé au trône, quelle occasion avait eue le successeur du roi « galant homme » et du « re buono » de manifester ses idées et son caractère? Aucune. L’occasion, soudain, se présentait avec éclat. Le roi, à ce carrefour, devait agir à la fois comme souverain constitutionnel et comme souverain traditionnel. Il avait à résoudre une crise de cabinet impliquée dans une crise nationale. D’une part, il devait agir comme le représentant du pouvoir exécutif dans un régime parlementaire. De l’autre, le vœu public, la poussée populaire l’investissaient d’un mandat