240 LA TURQÜIE ET LA GUERRE Nous avons le devoir de ne céder à aucune puissance la protection et la régénération de la Turquie. 11 ne faut pas que l’opinion publique se laisse émouvoir par les idées de quelques hommes qui, se souvenant seulement des crimes de l’empire ottoman^ souhaitent sa disparition. Ils ne se rendent pas compte que celle-ci atteindrait gravement les intérêts français. * * A l’heure actuelle, de gros nuages se forment à l’horizon, menaçant d’un nouvel orage l’Asie-Mi-neure. En tombera-t-il une pluie de sang, comme celle qui s’est abattue sur la douloureuse Arménie? Peut-être, si l’on en juge par les rébellions et les massacres qui se succèdent dans ce malheureux pays? Après la question d’Orient, aurons-nous une question d’Asie? C’est à craindre, sous la forme d’une crise de panislamisme, succédant à celle de panturquisme! Cependant les peuples ont besoin, en Asie-Mineure comme ailleurs, de la paix bienfaisante, pour bâtir à nouveau au-dessus des ruines. La France civilisatrice est la plus qualifiée de toutes les puissances pour leur assurer le droit de vivre sous un régime de liberté. Souvenons-nous que l’avenir est fait du passé. Celui-ci, en Orient, appartient à notre pays. Aussi, quand on regarde des cartes bâties d’après les accords hâtifs du 16 mars 1916 et du 30 septembre 1917 avec l’Angleterre, reste-t-on stupéfait de voir la France, créatrice de la Turquie, la France qui depuis des siècles l’a sortie du chaos de la barbarie,