82 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE il était devenu un membre influent du comité Union et Progrès et aspirait à faire partie du cabinet. « Le trait dominant de son caractère, dit M. Mor-genthau, était sa haine des étrangers et de leur influence ; à ses yeux la Turquie devait appartenir exclusivement aux Turcs ; il était particulièrement irrité par le contrôle que depuis des années les ambassades européennes exerçaient sur les affaires domestiques de son pays. Peu d’hommes en Turquie avaient accueilli avec une joie aussi profonde l’abolition des capitulations... » Instruit, fort intelligent, parlant plusieurs langues, mais profondément cruel, Bédri-bey a exercé une action néfaste à Gonstantinople, surtout pendant la dernière campagne. L’espionnage et l’assassinat. La police occulte de (’Empire était certainement plus nombreuse que la police régulière. 11 faut dire que le gouvernement ottoman n’avait pas eu beaucoup de peine à recruter ses espions. Il lui avait suffi de reprendre l’œuvre d’Abd-ul-Hamid. L’ancien sultan possédait au plus haut degré la manie policière. Les traits dominants de son caractère étaient la méfiance et la crainte. Tout fut subordonné dans l’Empire à la protection de sa précieuse personne. Cloîtré à Yildiz, il s’entoura d’abord de plusieurs milliers de soldats choisis, qui composaient la 2' division de la Garde. Il avait en plus une gardé privée, formée par deux cents Albanais armés jusqu’aux dents. Ensuite, il organisa l’espionnage sur une vaste échelle et ne le limita pas à la seule Turquie. Abd-ul-