242 LA TURQUIE ET LA GUERRE rêveur ou de fou ! Rien ne dérange l'optimisme et rien ne change la crédulité enfantine de ces hommes d’État qui décident du sort des nations à des milliers de kilomètres! On sait ce que nous a valu leur infaillibilité! Nous avons écarté, pendant la guerre, le péril pan-islamique. Rien ne dit qu’il ne se déclarera pas demain! Pour l’éviter, il ne s’agit'pas d’aller le provoquer en Anatolie, comme le veulent certains stratèges, diplomates en chambre qui renieront du reste leurs théories au premier échec. L’Anatolie forme un chaos de montagnes, dans sa plus grande étendue, qu’on ne saurait franchir. La bonne tactique vis-à-vis de la Turquie n’est pas là ! Nous devons et nous pouvons la punir, en exigeant impérieusement la livraison des grands coupables : Enver, Talaat, Djemal, etc..., ou nous préserver d’unfetour offensif de ces bandits en mettant leur tête à prix — ce qui serait plus simple et plus pratique. Mais, cette question de châtiment et de sécurité mise à part, nous devons permettre à la Turquie de renaître en s’appuyant avec confiance sur cette France qui fut sa créatrice. Je reviens encore sur des idées expriméesiet même répétées déjà dans cet ouvrage. Mais, au moment de le terminer, je lis ou j’entends des thèses si étranges au sujet de la Turquie et de nos projets orientaux que, malgré moi, j’expose une fois de plus cette pensée qui représente, dans mon esprit, une conviction : « Il faut refranciser la Turquiel » C’est le seul moyen d’éviter une nouvelle conflagration européenne et même mondiale, ayant pour origine une fois de plus la question d’Orient.