LES COMPARSES 65 à ce moment, sa fortune à plusieurs millions, certainement mal gagnés. * * Beaucoup de Jeunes-Turcs du début de la révolution ont disparu au moment où j’écris. L’un d’eux, Mahmoud-Chevket, mérite une mention toute particulière. Alors qu’après le coup d’État du 23 juillet 1908, les Saïd, les Hilmi, les Kiamil, les Haki représentaient des partisans peu sûrs pour les Jeunes-Turcs, le maréchal Mahmoud-Chevket-Pacha, commandant le 3e corps d’armée de Macédoine, était pour eux un appui des plus sérieux. Enver et Djemal l’avaient fait affilier au comité, lui promettant le ministère de la Guerre, en cas de réussite. Mahmoud avait à se plaindre du suttan. D’autre part, il était d’idées libérales. Aussi promit-il son appui. On oublie trop que sans Mahmoud-Chevket la révolution n’aurait jamais réussi. Le 2e corps (Andrinople) était tiède. Le 1er (Constantinople), commandé par Mahmoud-Moukhtar-Pacha, était peu sûr, à cause de la garde du sultan qui comprenait 30.000 Albanais ou Arabes (2e division). Ce fut donc Mahmoud-Chevket qui, avec sa grande autorité, donna aux officiers jeunes-turcs l'appui qui leur manquait. Ce fut lui encore qui, au moment de la réaction hamidienne du 13 avril 1909, marcha résolument sur la capitale, à la tête du 3e corps et, après deux journées de combats de rues, rétablit la situation à l’avantage des libéraux (23-24 avril 1909.) Peu de temps après, Mahmoud-Chevket était assas-