64 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE politique douanière modérée qui n’empêcherait pas les importations étrangères et parviendrait cependant à protéger l’industrie ottomane contre la politique des autres puissances. Il comptait établir aussi un système protectionniste pour les produits agricoles, détaxer le plus possible ceux fournis par la Turquie, en résumé réformer avant tout le système douanier. L’idée était juste, mais elle se trouvait difiîcilement réalisable dans un pays où règne la routine. Développer l’industrie et l’agriculture représentait simplement une chimère ! Le Turc est trop inintelligent et trop paresseux pour inventer et produire! Djavid-bey a voulu bâtir l’avenir sur une hypothèse. 11 était impossible de la transformer en réalité. La Turquie ne pouvait faire valoir son sol, exploiter ses mines, créer des industries, construire des chemins de fer et des routes qu’avec le concours des étrangers et l’apport de leurs capitaux. Il y a loin du désir à la réalité, et les idées de Djavid représentaient l’irréalisable! Comme d’autres Jeunes-Turcs, il a émis des théories normales et applicables dans un pays civilisé. Elles étaient à rejeter dans un empire resté à demi barbare. Les idées économistes de l’Occident ne pouvaient trouver place en Orient ! Aussi, tout en reconnaissant en Djavid un penseur, on ne peut s’empêcher de dire qu’il se laissa dominer par un rêve. N’oublions pas, d’autre part, qu’il fut un amoral, aussi bien que ses collègues. Il n’a jamais essayé de défendre sérieusement la cause de l’alliance française. Ses trafics et ses tripotages étaient enfin bien connus à Constantinople, avant la guerre. On évaluait,