152 LA FRANCE ET LA TURQUIE l’exactitude. Et combien n’en a-t-elle pas lancé, au sujet de cette pauvre Turquie? Les gens qui refusent de croire autre chose que les idées de leur journal nous ont passablement nui, relativement aux affaires de Turquie, d’autant plus que, fort souvent, ils appartenaient au monde le plus élevé de l'armée, de la magistrature et du parlement. Mais ils avaient leurs préventions, en fait de politique étrangère, comme on toute chose, parce qu’ils refusaient de discuter en dehors d’un dogme aussi intangible que leur personne. La plus grande partie d’entre eux appartenait à la catégorie de ceux qui ont cru, avant la guerre, que « seule l’offensive permettait d’obtenir des résultats décisifs. » Ils sont restés assurés ensuite que « seule la guerre de tranchées était possible. » En 1918, ils ont proclamé que «seule la guerre de mouvement pouvait donner la victoire! » Sur la Turquie, ils étaient surtout intéressés par la question du sérail du sultan, les histoires de harems, etc... Au fond, ces braves gens ont eu seulement les idées de X... qui ne connaissait rien à la guerre ou de Y... qui avait entrevu la Turquie duhaut des balcons du plus moderne des hôtels de Constantinople. Nous vivons trop, en France, de théories toutes faites et de romans bâtis en marge de la réalité ! Pour être documenté sur une nation, il suffirait de choisir quelques individus sérieux, instruits, réalistes et surtout travailleurs. On les enverrait passer quelques mois à l’étranger, et il serait facile, d’après l’ensemble de leurs comptes rendus, d’orienter la politique extérieure. Au ministère des Affaires étrangères, nous avons des directeurs qui font toute une carrière