LA VIEILLE TURQUIE 25 santé au palais de Yildiz. Des liens d’amitié étroits se formaient entre les deux bandits impériaux. Ne poursuivaient-ils pas le même but? Dominer, le premier en Europe, grâce au pangermanisme, le second en Afrique et en Asie, grâce au panislanisme. Grouper les fanatismes musulmans épars n’était pas, après tout, un rêve aussi irréalisable que beaucoup l’ont prétendu. S’il n’a point abouti, nous en sommes redevables surtout au monde arabe qui, persécuté par les Turcs depuis des siècles, a constitué le véritable obstacle à la réalisation de la politique d’Abd-ul-Hamid. Il est très facile aujourd’hui de traiter d’insensée l’idée que poursuivait l’allié de Guillaume. Les événements l’ont condamnée. Cependant,jusqu’en 1914, la grande presse et des livres écrits par des hommes très avertis des choses de l’Orient signalaient le péril constitué par le groupement des diverses nationalités musulmanes, prêtes à marcher derrière la très chrétienne Allemagne. Une meilleure politique intérieure d’Abd-ul-IIamid eût permis la réalisation de ce plan. La diplomatie européenne a nié le danger qui résultait de l’alliance conclue entre l’Allemagne et la Turquie. L’opinion a refusé longtemps d’y croire, malgré la présence dans l’état-major impérial ottoman de Yon derGoltz, malgré l’envoi continuel d’instructeurs allemands et aussi malgré le développement toujours plus considérable de l’industrie et du commerce germaniques. La Turquie et l’Allemagne avaient cependant partie liée vingt ans avant cette guerre. Nous avons eu le tort de le nier. Cette erreur d’appréciation est venue beaucoup du fait de la révolution jeune-turque qui, à nos yeux de