268 LA GUERRE ET L'ITALIE pect prussien, par la fenêtre. De là, l'immense soulagement, la satisfaction profonde que la rupture avec les Empires du Centre aura apportés. Ce n’est qu'au dernier moment que le prince de Bülow aperçut l’étendue de son imprudence et de sa faute. Comme on apprenait à la villa Malta que la foule venait de se livrer à une manifestation de sympathie devant le palais Farnèse, acclamant la France, acclamant la Triple-Entente, acclamant notre ambassadeur, M. Camille Bar-rère, l’heureux et patient ouvrier de l’accord franco-italien, quelqu’un, pensant peut-être faire plaisir à l’ancien chancelier de Guillaume II, s’écria que ces démonstrations populaires étaient sans valeur, qu'il ne s’agissait que d’une plèbe sans idées ni conscience, à qui des agents provocateurs avaient distribué de l’argent. Mais, se retrouvant homme d’Etat, et dissipant les illusions de son entourage, le prince de Bülow se contenta, dit-on, de répondre à ces propos légers, et de l’accent le plus grave : « — Ne croyez pas qu’un peuple se lève pour « quelques deniers. Ce qui anime l’Italie, c’est « une grande passion nationale, et c’est contre « nous que cette passion l'a dressée... » Cette intelligence de la situation était venue trop tard et le prince de Bülow avait la philoso-