LES FAUTES TACTIQUES 207 Il existait d’excellentes cartes anglaisesaul/250.0006 de tout le littoral européen et de celui d’Asie-Mineure, et aussi une carte détaillée au l/50.000e de la péninsule de Gallipoli, établie au moment de l’expédition de- Crimée par les officiers de l’armée d’Orient, en 1854. De plus les services géographiques anglais et français possédaient les minutes des cartes dont il est question, établies à grande échelle, et qui pouvaient permettre l’établissement d’une carte très détaillée au 1/10.000e ou au 1/20.000°. L’amirauté anglaise et le ministère de la Marine français avaient, de leur côté, des cartes hydrographiques extrêmement exactes, relatives aux côtes et profondeurs d’eau. « Topographiquement parlant », on était donc sérieusement documenté. Pourquoi alors avoir procédé comme si aucun de ces documents n’existait? Propa-blement parce qu’ils ne furent pas réunis assez vite pour être consultés. Quand on lit le premier rapport du général Hamilton, on reste assez surpris de cette phrase : « J’avais procédé à une reconnaissance préliminaire de la côte nord-ouest de la presqu’île de Gallipoli, depuis l’isthme formée par la ligne fortifiée de Boulaïr, jusqu’à son extrême pointe méridionale, le cap Hellès, etc... » Sans vouloir diminuer le rôle si grand du général Ilamiltôn, on ne peut s’empêcher de rester surpris de cette reconnaissance préliminaire qui pouvait donner l’éveil aux Turcs, et l’on est tenté de croire que le commandant en chef du corps expéditionnaire manquait, au moment où il l’a entreprise (2e quinzaine de mars 1915), des éléments d’appréciation topogra-phiques et hydrographiques suffisants.