AU SEUIL DE LA GUERRE 159 équipages groupés en armes sur le pont. Les canons étaient prêts à tirer. Emoi des passagers et de l’équipage, et discussions passionnées sur la nationalité probable des deux navires dont le plus petit semblait avoir de la peine à suivre. Celui qui se trouvait en tête nous ordonna d’amener notre pavillon et répondit : « Merci! » Bientôt les deux vaisseaux mystérieux disparaissaient à l’horizon. Nous avions croisé le Goeben et le Breslau, qui fuyaient à toute vapeur devant l’escadre anglaise. Celle-ci apparaissait quelques heures plus tard, disposée suivant un vaste arc de cercle. En tête venait un croiseur, le Weymouth, qui nous envoya une vedette commandée par un jeune enseigne. C’est de lui que nous apprîmes la nationalité des navires rencontrés et aussi les premiers événements survenus. Je dois ajouter que l’escadre britannique avait perdule contact avec le Goeben etle Breslau. L’officier dont je parle demanda en effet des renseignements au capitaine qui commandait la Phrygie. Aussitôt qu’il les eut reçus, il échangea des signaux avec les autres navires de l’escadre qui continuèrent la chasse. Après nous être arrêtés, quelques heures devant Malte, nous reprenions notre route et arrivions à Marseille le 12 août. Les hésitations de la Turquie. La Turquie se trouvait fort embarrassée au commencement des hostilités! Quelle serait sa ligne de conduite? Resterait-elle neutre ou entrerait-elle dans le conflit européen, aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche !