274 LA GUERRE ET L'ITALIE gnant une rare souplesse, ce sont des méthodes bien différentes qu’il a employées dans chacune. Pour la résolution de la difficulté ministérielle, Victor-Emmanuel III s’est montré politique consommé. On lui attribue cet aphorisme qui résume son expérience personnelle : « Quand les ministères sont forts, la couronne peut être faible, et quand les ministères sont faibles, c’est la couronne qui doit être forte. » M. Giolitti, dont les ministères avaient eu autrefois une vitalité exceptionnelle, n’a pas dû, en effet, dans ses conversations avec le roi, pendant les journées critiques de 1915, retrouver l’atmosphère des temps anciens. Et le roi, ayant achevé le tour des mi-nistrables, les ayant laissés partir convaincus que la seule politique à faire était celle de M. Sa-landra, leur ayant démontré que, si M. Salandra s’était retiré, c’était par désintéressement personnel, pour prouver qu’il ne recherchait pas la gloire d’attacher son nom à la guerre, — cela fait, le roi avait déblayé la place, liquidé la difficulté parlementaire, et il ne lui restait plus qu’à rappeler au pouvoir les hommes qui avaient dénoncé l’alliance autrichienne et conclu un accord avec la Triple-Entente. Ainsi, par un véritable chef-d'œuvre, le roi avait traduit constitutionnellement le vœu popu-