204 I.A TURQUIE ET LA GUERRE voyageur, par messagers, etc... Certes, les moyens ne manquaient pas et ils étaient beaucoup plus faciles à employer qu’on ne le croit généralement. On a trop oublié aussi que nous avions à Constantinople beaucoup de nos nationaux qui pouvaient avoir des renseignements exacts sur la situation des Turcs, relativement à la question armement des détroits et à celle des munitions. Nous possédions aussi là-bas des amis sincères, non seulement parmi les Européens restés dans la capitale, mais parmi les Turcs. J’ai connu à Constantinople, en 1914, plusieurs officiers ottomans qui détestaient franchement la clique jeune-t.urque et aimaient très sincèrement notre pays. Ces adversaires du nouveau régime étaient généralement des Egyptiens, des Arabes ou des Crétois que des circonstances assez romanesques avaient amenés à prendre du service dans l’armée du sultan. J’en ai connu un en particulier, le lieutenant M..., qui était très français de sentiments. De très bonne famille, élevé dans notre pays, il pouvait être considéré comme le meilleur des camarades et un ami sûr. Je suis absolument convaincu qu’il considérait la cause française comme la sienne. 11 aurait pu nous aider. Il n’était pas le seul, à Constantinople, en 1914 où, je le répète nous laissions, au moment de notre départ, des amis éprouvés. Il aurait donc été facile de connaître exactement la situation militaire des Turcs, avant de nous engager dans l’impasse représentée par le goulet de Tchanak. Quels moyens de renseignements a-t-on employés en Orient? Si l’on s’en rapporte à l’attaque follement téméraire, lancée le 25 avril 1915, du cap Tekké à Eski-Hissarlik, il est indéniable qu’ils ont été plus que