40 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE dévoués du comité Union et Progrès où il se lie avec Djemal, capitaine du génie, et avec Talaat, employé des postes. Un des meilleurs amis d’Enver était Niazi-bey, major dans le même régiment. Au moment où les espions d’Abd-ul-Hamid parviennent à découvrir l’existence d’un complot jeune-turc, les officiers les plus compromis, Enver etNiazi, s’enfuient dans la montagne avec quelques soldats. Ils se cachent dans une maison amie, et, le jour du coup d’Etat jeune-turc, rentrent à Salonique dans le même train que les révolutionnaires macédoniens. Enver, Djemal, Niazi et Nazim forment aussitôt un comité dirigeant. Talaat les rejoint. Ces hommes, étroitement liés par les mêmes idées et les mêmes ambitions, prennent la tête du mouvement révolutionnaire. Talaat en est le véritable organisateur, Enver en devient le bras. Arrogant, violent en dépit d’un physique efféminé, il penche dès la première heure pour les moyens extrêmes. Ayant une foi absolue dans son étoile, partisan des solutions hardies et brutales, Enver réussit toujours à faire adopter sa manière de voir parce qu’il a derrière lui l’armée et parce que celle-ci l’aime pour sacrànerie et sa bravoure. Au physique, Enver n’a rien d’un Turc. De petite taille, mais bien pris, l’air distingué, fort réservé, il donne à première vue l’impression d’un Européen du meilleur monde. Les traits de son visage sont fins et délicats. L’ensemble de la physionomie est doux, et le regard semble presque timide. Mais l’observateur attentif devine bientôt que ce visage n’est qu’un masque. J’ai pu étudier Enver dans plusieurs cérémonies officielles. Dès qu’il prenait la parole, on ne