LE MOIS HISTORIQUE DE L'ITALIE (MAI 1915) 273 infiniment plus vaste que celui de consulter des hommes politiques et de distinguer les volontés de la Chambre pour la constitution d'un ministère. C’est de l’initiative et de la responsabilité suprêmes dans la question paix ou guerre que le sentiment général chargeait Victor-Emmanuel III. Car la formule « le roi règne et ne gouverne pas » n’a jamais été bien comprise des foules. Du moins, en temps de crise, ont-elles toujours tendance à se tourner vers le chef de l’Etat, à attendre, sinon à réclamer de lui, des décisions et des actes. On raconte que, durant une des journées les plus chaudes des manifestations du mois de mai, la foule s’étant rassemblée devant le Quirinal, le syndic de la municipalité romaine fut reçu au palais et que ce bref dialogue eut lieu entre le roi et l’édile : « — Vous venez avec tout le peuple ? » avait demandé Victor-Emmanuel III. Un peu incertain du sens de la question qui lui était posée,"croyant peut-être y discerner un blâme, le prince Colonna s’empressa de répondre : « — C’est pour la grandeur de Votre Majesté. » « — Pour la grandeur de la nation, » repartit vivement le souverain. C’est dans l’esprit le plus national, en effet, que le roi a rempli les deux parties du rôle qui lui était dévolu, mais, témoi- 18