LES COMPARSES 61 Lo docteur Nazim, créateur du mouvement nationaliste en Turquie, était un deumné (juif renégat). Il représentait une intelligence assez bornée. C’était l’homme de l’idée fixe. « Notre empire est dépeuplé, disait-il. Nos territoires jadis si riches sont en friche... Pour refaire une Turquie grande et prospère, il existe un moyen bien simple : expulser les étrangers et les remplacer par des Turcs de pure race. Nous appellerons, chaque année, en Turquie, un demi-million d’émi-grants (mohadjirs) que nous installerons à côté de nos populations : des Bosniaques, des Pomaks, des Turcs, des Tatars de Russie, des Turkmènes... et, en vingt ans, nous aurons créé un empire essentiellement ottoman. » La thèse de Nazim-Pacha est tellement extravagante qu’on est tenté de ne point l’examiner. On aurait tort! Si l’idée est baroque, elle explique cependant bien la politique des Jeunes-Turcs. Tous, en effet, ont été les fervents adeptes du nazimisme, parce qu’il correspondait à leurs aspirations de panislamisme ou tout au moins de panturquisme. Et, de leur rêve, sont résultées ces expulsions systématiques des populations grecques de la côte d’Asie, refoulées d’abord vers les îles du littoral, puis rejetées de là vers la mère-patrie. Qu’on se rappelle les persécutions de Smyrne et d’Aïvali, en 1914, et on restera convaincu. A la suite de Nazim, les Jeunes-Turcs ont vu encore beaucoup plus loin. Dans leur rêve de toura-nisme, ils n’ont point hésité à détruire toute race qui pouvait détenir une parcelle_du sol réservé aux seuls Osmanlis. Et, c’est en développant cette pensée