52 LA TURQUIE A TRAVERS L’HISTOIRE forêts, de dresser une centaine de soldats forestiers, qui dirigeraient les travailleurs employés par le gouvernement, soldats assez quelconques, du reste, bien que choisis parmi les hommes les plus instruits des corps de troupe de la capitale. Nos futurs forestiers sont rangés au fond d’un vaste parc et alignés sur deux rangs, en attendant l’arrivée de plusieurs ministres, dont Enver-Pacha. Voici Talaat et le ministre de ¡’Agriculture. Une suite assez nombreuse les accompagne. Le capitaine S..., de la mission de réorganisation de la gendarmerie ottomane et délégué à la direction technique de la nouvelle école, nous présente à Talaat. Accueil aimable, poignées de main toutes démocratiques, quand on signale l’automobile d’Enver, la fameuse auto rouge que tout Constantinople connaît, pour la voir traverser souvent en trombe les rues de Stamboul et de Péra ; car Enver, craignant d’être assassiné, comme le fut un de ses prédécesseurs, Mahmoud Chevket, marche toujours à grande allure. Talaat et les nombreux invités se dirigent vers Enver-Napoléonik, qui s’avance rapidement, l’allure vive et dégagée, l’air avantageux. Le « héros national » est en petite tenue de général de division, couleur kaki, aiguillettes dorées. Il porte une seule décoration : la Croix du Mérite. Enver serre la main de ses collègues, salue de façon plutôt distante l’assistance et, d’un pas alerte, se dirige vers les soldats forestiers. Quelques mots sont jetés par le grand chef de l’armée à la troupe immobile, raidie dans une attitude pleine de respect ! Quand il a terminé son discours, acclamations